Descriptif

Entre 1910 et 1939, chaque été, à l’ombre de l’abbaye cistercienne de Pontigny, proche d’Auxerre, Les Décades de Pontigny ont accueilli des écrivains, des économistes, des hommes politiques et des philosophes, français et étrangers, pour échanger des réflexions sur le sens et l’avenir de leur discipline, et s’interroger sur les conditions d’une humanité plus libre et plus juste.

Leur hôte et leur mentor était Paul Desjardins, érudit épris de progrès, laïc soucieux de spiritualité qui, de Bergson à Bachelard, de Gide à Malraux, consacra sa vie à les faire dialoguer. « Les Entretiens de Pontigny » sont aujourd’hui une légende, mais aussi une référence dont on parle entre initiés : aucun des participants, ou presque, ne se souciait alors de conserver une trace des exposés et des débats qu’ils suscitaient, et la guerre se chargea de disperser une bonne partie des archives de Paul Desjardins. Subsistent les Programmes des décades, édités avec soin, année par année, qui nous donnent une idée des thèmes développés. Subsistent également un certain nombre de correspondances, ainsi que des ouvrages dédicacés.

Mais si la mémoire de Pontigny peut vivre encore, c’est grâce aux centaines de photos prises par les participants, qu’ils soient photographes occasionnels comme Roger Martin du Gard, ou systématiques comme Paule Crespin. Cette magnifique collection, conservée par la famille de Paul Desjardins, et que nous avons restaurée, est un document précieux sur l’histoire des décades. Elle permet non seulement de donner un visage à bon nombre d’intellectuels et d’artistes souvent bien oubliés, mais aussi de restituer le climat de ces rencontres et son évolution Ces photos, dont quelques-unes semblent spontanées et prises sur le vif, sont pour la plupart « mises en scène ». Tantôt « photos de famille » à la manière des classes d’écoles ou des mariages d’autrefois, destinées à « prendre date », tantôt plus sophistiquées dans les cadrages et les situations, elles nous fournissent quantité d’informations sur la personnalité des uns et des autres, le comportement devant l’objectif, le goût de se faire photographier ou pas.

Elles sont aussi une mine de renseignements sur la condition sociale des intervenants, sur l’élégance, sur la mode ou le refus des conventions. Les véhicules sont intéressants à observer : des charrettes à bagages aux luxueuses limousines, des vélos aux cabriolets sportifs, ils semblent fasciner autant leurs propriétaires que les photographes.

Cette collection de photos, présentée ici pour la première fois sous ses multiples aspects, est un document unique et exceptionnel.

Pierre Masson et Jean-Pierre Prévost

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