Descriptif

Le sens du sacré, chez Ernst Jünger, s’est d’abord nourri de l’expérience de la guerre, ressentie comme une manifestation de la violence que le sacré, dans ses formes connues, semble conjurer. D’où le désir, toujours plus affirmé d’une nouvelle transcendance. Mieux que dans ses pensées philosophiques, ces problèmes se poétisent dans ses grands romans, où revivent les mythes dits premiers. Or, ces romans sont encore le prétexte d’un questionnement des pouvoirs de l’art, pas seulement littéraire. Dans la maîtrise des formes qui lui est consubstantiel, l’art apparaît comme une réponse aux mêmes problèmes que s’efforce de résoudre le sacré.
La réflexion de Jünger sur l’ambiguïté du sens de ces formes semble guidée par certains de ses modèles littéraires. Rimbaud a d’ailleurs laissé moins de traces dans son œuvre que Joseph Conrad et surtout Herman Melville, dont le Billy Budd serait une source méconnue du Lance-pierres. La fréquentation de ses « dieux littéraires », parmi lesquels on peut compter Edgar Poe et Marcel Proust, a encore permis à Jünger d’affi ner son intuition de l’ordre mystérieux qui s’illustre aussi bien dans la genèse de l’œuvre écrite que dans un destin humain.

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