Descriptif

Le Preux et le Sage
L’Épopée du Kayor et autres textes wolof
Transcription et traduction du wolof par Mamoussé Diagne
Présentation de Lilyan Kesteloot

La version de l’épopée du Kayor présentée par le philosophe Mamoussé Diagne est représentative du degré de littérarité que peut atteindre le genre épique au Sénégal. Elle a été analysée dans une thèse monumentale qui propose la réflexion la plus aboutie sur la tradition orale des sociétés sahéliennes. Du proverbe au mythe, en passant par le conte, l’image et la mise en scène constituent les médiations les plus adaptées à cette fin. Les stratégies discursives mises en place visent à assurer la victoire de la mémoire sur son terrible ennemi, l’oubli.

D’inspiration épique, les premiers textes du livre sont déclamés sur un ton et un rythme particuliers, leur production pouvant même être accompagnée de divers instruments de musique comme le xalam, la kora ou le balafong. Ils sont le fait des professionnels de la parole, les griots, spécialistes de l’évocation des généalogies et des hauts faits d’hommes hors normes ― tel Lat Dior Diop ― qui peuplent le panthéon oral. Le souffle poétique les arrache à la contingence, les propulse au rang d’archétypes structurant le code axiologique de la société et révèle, au-delà du souci de restitution du fait, une quête du sens. Les textes du second groupe diffèrent par le style : ils ne sont pas l’apanage des griots et les personnages qu’ils mettent en scène n’appartiennent pas forcément aux couches aristocratiques. Ainsi les entretiens concernant Kothie Barma et d’autres figures remarquables nourrissent les réflexions sur la païdeia ainsi que sur la fonction du proverbe ou de la devinette. Comme les récits épiques, ils se rapportent à la riche historiographie orale wolof.

Mamoussé Diagne est agrégé de philosophie et Docteur d’État. Il est professeur à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Sénégal). Sa thèse est publiée dans Critique de la raison orale, Karthala, 2005, et De la philosophie et des philosophes en Afrique noire, Karthala, 2006, qui sont complétés par le corpus bilingue de textes épiques ici publié.

Photo : « Waxtaanu Buur » (littéralement « conversation du roi »).
Statue de feu Cheikh Makhone Diop, membre d’une famille de sculpteurs de Diourbel.
Droits de reproduction autorisés pour cette édition.