BIOGRAPHIE

Else Lasker-Schüler

Else Schüler est née à Eberfeld (aujourd’hui Wuppertal), le 22 janvier 1869, dans une riche famille juive assimilée. Enfant précoce, d’une grande fragilité psychologique. À onze ans, elle abandonne l’école. Sa mère, très cultivée, encourage ses inclinations à la poésie. Quand elle meurt, Else éprouve un grand choc. Elle épouse, en 1894, le médecin Berthold Lasker, de huit ans son aîné. Ils vivent à Berlin. Else s’ennuie mais entreprend des cours de dessin chez Simon Goldberg. Elle connaîtra, grâce à lui, des peintres. Et de proche en proche elle élargit son cercle d’amis, dont le poète Peter Hille est le phare. Elle en fera son mentor et son ami. En 1899, Paul, son fils, vient au monde. Peu après, elle divorce et épouse George Lewin, écrivain, qui publie sous le nom d’Hermann Walden, par ailleurs éditeur du principal journal du mouvement expressionniste Der Sturm. En 1912, ils se séparent Entre-temps elle renoue avec ses origines juives. La relecture de la Bible est à l’origine de son cycle de poèmes, Les Ballades hébraïques, publié en 1913.

Puis elle mène une existence d’artiste bohême. Elle rompt avec le milieu bourgeois ; elle ne peut guère compter que sur le soutien de ses amis, au nombre desquels figure l’écrivain et critique Karl Kraus, directeur du journal avant-gardiste et pamphlétaire Die Fackel. Sans domicile fixe et souvent désargentée, elle hante les cafés. Elle devient une des figures de proue de l’expressionnisme. Elle rencontre le peintre Franz Marc, avec qui elle échange une longue correspondance. Elle se lie d’amitié avec Georg Trakl, plus passionnément avec le médecin et poète Gottfried Benn. En 1933, elle s’exile en Suisse, à Zürich. Elle reçoit le prestigieux prix littéraire Kleist pour l’ensemble de son œuvre, mais les nazis la vouent aux gémonies. En 1939, elle se rend en Palestine, pour la troisième fois. La guerre la contraint à s’y installer. Elle y est malheureuse. Elle s’y éteint le 22 janvier 1945, à Jérusalem. Outre deux romans Mein Herz et Der Malik, des nouvelles, trois pièces de théâtre, dont le drame Die Wupper, des lettres ainsi que de nombreux dessins, Else Lasker-Schüler lègue une œuvre lyrique remarquée et remarquable ; elle sera rassemblée, en 1959, pour les besoins d’une édition intégrale par Kösel Verlag.

Else Lasker-Schüler a réussi la fameuse osmose de la culture allemande et de la judéité, telle qu’on la louait avant le maelstrom nazi. Pour Gottfried Benn, elle est « la plus grande poétesse que l’Allemagne est jamais connue » ; pour Karl Kraus, « la plus forte et impénétrable force lyrique de l’Allemagne ». Raillée et méprisée pour ses excentricités, pour son refus de tout conformisme, elle est l’une des plus insaisissables figures de la littérature moderne du XXe siècle.

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